Les autorités gabonaises donnent ces temps derniers l’air d’être résolument tournées vers l’éradication de l’enrichissement illicite avec ses corollaires que sont les détournements des deniers publics et la corruption qui gangrènent sérieusement la société. En dehors de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) en charge de la traque contre les citoyens indélicats, les plus hautes autorités du pays ont mis en place une institution ministérielle chargée d’assurer la gestion des procédures et de veiller au bon accomplissement de la mission, véritable casse- tête chinois, car qui a la possibilité de détourner ou de corrompre, s’il n’est lui- même corruptible ?
L’homme de la rue comme on aime désigner la population s’interroge sur le sens véritable donné à cette opération d’assainissement des mœurs publics tant il a l’impression depuis plusieurs décennies, pour ne pas dire depuis cala- cala, de vivre un éternel recommencement, orchestré par ceux qui ont en mains les destinées du pays. En effet, il est difficile à celui qui ne sait pas par où passe l’argent du contribuable et les recettes de l’État de s’illustrer dans ce genre d’actes pour qu’il ne soit logiquement pas admis que l’on se demande à Nkembo, Kinguélé, Atsib- Ntos, Cocotiers, Diba Diba, bref dans tous les quartiers de Libreville, pour ne pas dire dans tout le Gabon, à quoi cela rime- t- il d’alerter des personnes qui ne se sentent ni de près ni de loin impliquées dans des affaires qui sont, selon elles- mêmes, à des années lumière d’elles. Cependant, vu la gravité des faits reprochés à certains hauts responsables dont certains croupissent déjà à la prison de « Sans famille » attendant leur jugement prochain pour être innocentées ou condamnées, il est important que le gouvernement communique sur le sujet dans le but non seulement de rendre compte, mais aussi de dissuader ceux qui voudraient encore s’aventurer sur cette voie périlleuse ou de convaincre le citoyen de ce que les autorités prennent désormais l’affaire à bras le corps pour qu’il ne soit pas permis d’en douter.
De doute, parlons- en justement, histoire d’évoquer le doute méthodique auquel font allusion les populations qui se demandent dans leur majorité si ce n’est pas à nouveau de la poudre aux yeux que leur propose le gouvernement qui, lui- même, selon leurs dires, n’a pas vu ses membres se soumettre à l’opération de déclaration des revenus, et même si…C’est dire que celles- ci doutent encore, à moins qu’on leur apporte la preuve du contraire, de l’efficacité de la méthode mise en place, non pas que les intentions ne soient pas louables, mais simplement parce qu’il sera difficile, voire très difficile, même au ministre en charge de la traque d’agents de l’État manquant d’exemplarité, en fonction de l’encrage de chacun d’entre eux dans le système, de mener son job en toute tranquillité sans qu’il n’y ait, comme on la désigne souvent, une main invisible venant l’en empêcher ou le ramener à l’ordre. Après tout, se disent toujours les citoyens interrogés, il en va de son maintien aux affaires. Et pourtant, les mêmes populations qui émettent autant de doutes, semblent croire, bien qu’à demi- mots, qu’il est peut- être proche le temps où chaque malfrat sera interpellé aux fins de se justifier sur les actes qu’il pose ou qu’il a posés. Mais, est- ce demain la veille quand on entend certains avancer qu’il faut laisser le temps au temps ?
Le gouvernement dos au mur est comme le maçon qui est attendu sur ses résultats lesquels doivent être probants s’il tient à ce qu’on lui renouvelle sa confiance. Certainement qu’il a compris qu’il ne faut plus qu’il revienne sur les erreurs du passé qui ont contribué dangereusement à plomber son action et lui ôter toute crédibilité vis- à- vis des Gabonais dont nombreux hésitent pour cela à croire à tout ce qui leur est promis, même quand il s’agit de manifester une quelconque bonne foi. Il serait illusoire de croire que les Gabonais dans leur majorité ont cessé d’accorder leur confiance à leurs dirigeants, sinon cela serait plus que patent lors des élections, pour ne prendre que ce cas, mais faut- il simplement reconnaitre, les délais de grâce autrefois accordés ne sont plus longs ou n’existent presque plus, tellement ils ont attendu de leurs autorités qui le leur ont maintes fois promis qu’elles s’investissent dans des opérations visant leur bien- être et garantissant à chacun et à tous la justice et l’équité.
Partant d’un tel constat fait par ceux- là même que la pauvreté poigne parce que premières victimes, en dehors du pays, des comportements déviants de quelques uns de leurs compatriotes, n’est- on pas en droit de partager sans arrières- pensées bien entendu, leur doute ou leur pessimisme face à la répétition d’actes répréhensibles dans les régies financières en particulier, dans l’Administration publique en général ? Il reste au gouvernement de montrer de quoi il est capable ou sa détermination à commencer à éradiquer des fléaux vieux comme le temps qui menacent plus que jamais le Gabon de régression vertigineuse, ce au moment où bien d’autres pays sur le continent pourtant pas plus nantis que lui et ne bénéficiant pas d’atouts démographiques par exemple, s’il faut considérer le fait d’avoir une faible population comme tel, ménagent leur monture et se hissent petit- à- petit au rang de nations considérables du fait d’une gestion tant rigoureuse qu’exemplaire.
Mbile Nyambi