Parler de moralisation de la société revient à s’employer à faire admettre aux populations que chacun de ses membres, pour mériter d’être appelé citoyen, doit respecter certaines valeurs communes qui nous rappellent celles mises en exergue dans « le Contrat social » par Jean- Jacques Rousseau qui pourrait se traduire grosso- modo comme un livre présentant les avantages que nous tirons de la fusion d’une partie de nos libertés individuelles pour obtenir de chacun et de tous le respect de la somme de cet assemblage dans le but de lutter contre l’arbitraire et l’état de nature.
Qu’est- ce à dire ? Que toute société doit, pour être considérée comme moderne, reposer sur des principes, des règles et des lois. L’instruction civique par exemple participe de la sensibilisation et de l’éducation du citoyen afin qu’il reflète ce que la société attend de lui. Elle qui ne supporte pas les êtres déviants ou marginaux. C’est de la responsabilité de l’État et des institutions compétentes de veiller à former l’homme et de lui donner les outils lui permettant de comprendre c’est quoi la société et comment faut- il vivre auprès de ses semblables en son sein. Ne pas le faire expose les populations à une mauvaise interprétation des règles communes et menace de laisser libre- court à la chienlit. Depuis la maison, chacun doit pouvoir bénéficier d’un environnement moral qui puisse, une fois sorti de ses pénates, faire qu’il soit accepté de ses contemporains. Dans la rue qui constitue un passage obligé pour tous puisqu’ayant pour usagers aussi bien ceux qui vont au marché, à l’école, à l’hôpital, au travail, ou qui déambulent, les comportements des uns et des autres doivent être réglés pour ne pas pousser certains à obéir à leurs basses pulsions et agir contrairement à la manière souhaitée ou recommandée. Une fois arrivé à destination, chaque citoyen doit également se conformer aux règles en vigueur là où il se trouve, il s’agit du règlement intérieur dans le cas de l’Administration, l’Entreprise ou l’École ou des us et coutumes au marché. Or, que constatons- nous aujourd’hui ? L’étiolement des mœurs lié à la mixité des cultures et l’avènement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) qui font de chaque coin du monde, une infime partie d’un ensemble se présentant pour reprendre le Canadien Marshall Mac Luhan comme un vaste village qu’il a appelé « le village planétaire », mais aussi une sorte de relâchement dont font preuve et les populations et les institutions chargées de gérer au quotidien la cité. Au bout du compte, l’incompréhension qui s’installe à l’observation des dérapages qui sont monnaie courante. Plus un jour ne passe sans que l’on n’évoque des violences, y compris en milieux scolaires qui dans un passé récent représentaient des cercles sécurisés dans lesquels l’on se plaisait à développer le vivre- ensemble et respectait quand on était apprenant les supérieurs dont on avait à la limite peur, peut- être aussi parce que l’on craignait que des rapports accablants ne soient faits contre nous auprès de nos parents qui, eux- mêmes déjà, nous sensibilisaient sur l’intérêt qu’on avait à nous tenir tranquille à l’école si l’on tenait à réussir dans la vie ou à ne pas être réprimandé.
Que faire et comment le faire ?
Plus un jour ne passe sans que l’on assiste à une scène de vol à la tire dans des milieux publics, les victimes étant souvent des personnes âgées dont certaines, venant de percevoir leur pension- retraite et non- accompagnées surtout. A certains moments, il nous est donné à voir des spectacles ahurissants offerts par des bagarreurs qui se tiennent par le collet ou échangent des coups, les témoins assistant impuissants au combat sans daigner intervenir, sauf applaudir, inciter ou se moquer d’eux. Et pourtant, il est bien fait mention dans nos textes juridiques de non- assistance à personne en danger. Ceux qui assistent et affichent négligents à ces combats de rue, est- on sûr qu’ils font preuve de civisme ou croit- on qu’ils sont au fait des lois ? A qui la faute serait- on tenté de se demander. La réponse, à eux, à nous, parce qu’il ne devrait pas nous être permis de vouloir demeurer dans notre minorité, sachant que plusieurs moyens sont mis à notre disposition pour nous permettre de nous développer, mais également à l’État qui devrait se doter des moyens d’éduquer le citoyen en lui apportant quotidiennement ce dont il a besoin pour mieux se conduire ou soigner sa conduite. Il nous arrive également de constater que de plus en plus de personnes adoptent pour une raison ou une autre publiquement un comportement qui laisse à désirer, proférant des menaces contre d’autres, ou les insultant. Tous ces faits observables par la plupart d’entre nous, nous amène nous demander où est passée l’Éducation populaire grâce à laquelle les autorités gouvernementales arrivaient à inculquer au citoyen les règles essentielles de savoir- vivre ? Mais, même si celle- ci fonctionnait encore de manière optimale comme c’était le cas dans les années 60/ 70, rencontrerait- elle aujourd’hui des esprits aptes à comprendre de quoi elle leur parle quand on sait que le niveau de vie, les occupations et l’origine de tous les fléaux que nous avons dénoncés peuvent constituer des freins à la réception et l’exploitation à bon escient de tous les enseignements ou à toutes les consignes contenues dans ses messages ? C’est là l’une des préoccupations majeures pour qui veut tenter de trouver des solutions aux problèmes qui se posent aujourd’hui à la société. En d’autres termes, il importe de se demander comment parvenir à assainir la vie publique ?
Mbile Nyambi