Les habitants de la capitale gabonaise, Libreville, voient sous leurs yeux se multiplier des sociétés de transport urbain, sensées épauler les taxis dans leur mission de transport des populations. Bonne idée, pourvu qu’elle ne se fasse pas au détriment des usagers et dans le but de mettre fin à une expérience qui ne méritait pas de s’arrêter maintenant si l’on tient compte du fait que la Société Gabonaise des Transports (SOGATRA), car c’est d’elle dont il s’agit, n’enregistre pas volontairement des problèmes, même s’il faut reconnaitre, et c’est- là le propre des sociétés humaines, que quelques agents qui ont brillé par une certaine indélicatesse vis- à- vis de leur employeur et de leur outil de travail, portent sur eux les gênes de fossoyeurs.
Naguère, il était simplement question de remplacer la société d’État par une autre portant un nouveau nom. Ainsi, l’on a vu SOTRAL se muer en SOTRAVIL et SOTRAVIL en SOGATRA. Si un changement était à juste titre, nous dirons les hommes d’affaires et les juristes, intervenu au niveau de la dénomination desdites sociétés, il n’en demeure pas moins que les sociétés naissantes avaient pour mission d’assurer la continuité des défuntes en améliorant la qualité des services. Comble d’ironie, les mêmes causes produisant les mêmes effets, elles ont toutes donné en un petit laps de temps l’air de vite s’essouffler en dépit des recettes en nette progression et d’une gestion, prenons- les au mot, jugée excellente ou presque par les différents responsables desdites sociétés. Que se passe- t- il dans ce milieu où de nombreuses choses restent taboues ? Même les audits initiés par les administrations de tutelle n’ont encore officiellement pas réussi à livrer leurs conclusions, sinon, pourquoi le Gabonais lambda, puisqu’on est en démocratie, n’en n’est- il pas au courant ? Lui, que surprend très certainement la naissance d’autres sociétés de transport urbain déjà opérationnelles ou en voie de l’être. Ailleurs, on aurait avancé que la formule magique a finalement été trouvée qui permettra aux populations d’être mieux transportées de jour comme de nuit en tenant compte de la qualité du service et du coût du ticket de transport qui devrait logiquement être « à la portée de toutes les bourses » comme cela se dit si souvent.
Choisir la meilleure formule
Quand l’État s’engage en effet à créer une société de transport urbain, c’est dans le but de minimiser les coûts, de les rendre attractifs dans le seul souci de ne pas rogner les maigres salaires, pour ceux qui travaillent, des Gabonais ou les petits revenus de ceux qui se lancent dans la débrouillardise pour tenter de se prendre en charge, eux et leur protégé. « Faire du social », savons-nous tous, fait partie des missions régaliennes de l’État, même s’il est de plus en plus coutume de nos jours, de ne plus vouloir encourager l’État providence. Ce pourquoi, le coût du ticket est bas, voire très bas, l’État s’engageant à supporter le reste par le truchement de subventions. « TRANS- AKANDA » et « TRANSURB » sont- elles venues pour répondre au manque de bus de transport urbain patent à la SOGATRA, non pas que le parc souffre d’une certaine étroitesse, mais parce que le nombre de bus roulants est très infime par rapport à ceux qui sont sur cale, ce qui amène donc tenter de pallier aux manquements de ladite société ? Toujours est- il que c’en a l’air, sinon pourquoi avoir pris la décision de mettre en circulation les « TRANS- AKANDA » et les « TRANSURB » ? Au fait, il aurait été, si cela n’a déjà été fait, souhaitable de réfléchir aux raisons qui ont plombé le fonctionnement de la SOGATRA, société qui aurait pourtant pu bien se porter.
Servir, à quel prix ?
Viennent s’ajouter, selon certaines indiscrétions, les problèmes liés à la gestion quotidienne qui font ressortir un manque d’orthodoxie financière qui obère les capacités de la société à répondre efficacement et de manière appropriée au renouvellement du parc automobile, à l’achat des pièces et donc à la remise en service des bus en panne. « TRANS- AKANDA » et « TRANSURB » ont- elles pris la mesure de la chose avant que de se lancer dans une activité du reste périlleuse surtout si elle est menée de la même manière qu’à la SOGATRA ? Ou cette initiative ne répond- elle essentiellement qu’au besoin de s’en mettre plein les poches qui s’empare de certaines personnalités initiatrices de projets dans le but d’en tirer les dividendes dans le noir? Si c’en est le cas, il est à craindre qu’à la longue, si ce n’est dans un avenir très proche, des grincements de dents ne soient perceptibles chez les usagers qui crieront alors au « bonnet blanc, blanc bonnet ». Le transport urbain à Libreville ne nous laisse point insensible puisqu’il nous amène réfléchir à la question de la structure et de la superstructure. Comme quoi, il faut par exemple des routes en nombre suffisant et en bon état, déjà çà, pour éviter de détériorer assez vite les bus si l’on veut amoindrir nos dépenses, mieux transporter les usagers et pourquoi pas faire à la longue des bénéfices, même si l’on prétend que notre activité a un but social. Les conditions de gestion doivent également répondre aux standards actuels qui exigent de chaque gestionnaire qu’il affiche responsable vis- à- vis de la société et soit pour cela soumis à une pression de tous les instants. Comment le serait- ce lorsque par exemple des complicités avec la hiérarchie sont avérées ?
Mbile Nyambi