C’est un Directeur général de la Dette qui nous est visiblement apparu enthousiaste que nous avons suivi avec assez de curiosité l’autre jour sur l’une de nos chaînes de télévision nationale à vocation internationale. Sieur Berre qui était bien dans son assiette nous a mis, tel un enseignant, sur les bancs de l’école, usant d’exemples probants et nous expliquant non sans pédagogie, ce qu’il fallait entendre par « Dette » et en quoi le Gabon avait- il des raisons de recourir à l’emprunt, même si, à notre humble avis, son discours frisait l’encouragement aux autorités gabonaises pour qu’elles endettent davantage le Gabon.
S’il est vrai que le Produit intérieur brut (PIB) du pays est révélateur d’une certaine embellie dans la santé de l’économie, il est tout aussi vrai que si l’argent généré par la vente du pétrole, du manganèse, du bois, l’exploitation, quoiqu’encore artisanale, de l’or, les recettes douanières et fiscales, était utilisé à bon escient, le Gabon, pays sous- peuplé, n’aurait pas eu besoin de gonfler exagérément sa dette. Point n’est besoin d’être économiste ou financier pour le comprendre puisque c’est à notre humble avis une simple question de bon sens. La comparaison avec les pays nord- américains et ceux d’Europe, ne tient pas la route, les chiffres avancés n’étant que la face visible de l’iceberg. C’est pour cette raison que pour nous, elle est un peu osée puisqu’il n’y a visiblement, soyons honnêtes et modestes, rien de comparable entre ces Etats du nord et les nôtres, sauf qu’ils sont comme les nôtres des Etats régis par des institutions quasi- similaires et que, comme les nôtres également, ils remplissent les mêmes critères distinctifs d’un Etat, c’est- à- dire le territoire, la population et les institutions. Oh que si, il n’y a rien, mais alors rien de comparable entre eux et nous de par la taille géographique et démographique, le niveau de développement et les perspectives, le sens de l’anticipation, le génie qui ne se manifeste pas de la même manière que chez nous, car il est là- bas repéré précocement, encouragé et soutenu, y compris par les pouvoirs publics qui l’aident à éclore pour le bien de tous et du pays. Les chiffres avancés pour situer l’endettement : 57% pour le Gabon, entre 90 et 100% pour les Etats nord- américains ne devraient pas susciter l’orgueil, encore moins des comportements tendant à développer l’endettement même si cela consiste à racheter la dette, car le Gabon devrait pouvoir se suffire, même si cela ne représente qu’un idéal.
Gouverner, c’est prévoir!
Certes, nos prévisions peuvent convaincre les créanciers, mais il ne faut pas systématiquement recourir à la dette, surtout quand l’on n’a pas la capacité d’imaginer d’autres sources de financement pour notre développement. Non pas qu’il ne faille pas s’endetter, mais simplement se convaincre de ce que la dette doit être contractée pour la réalisation de projets d’importance à forte tonalité sociale et non pour investir dans des secteurs non- porteurs ou pour que l’essentiel de la dette serve à alimenter les comptes de personnes physiques profitant de leur statut dans la société pour s’en mettre plein les poches au détriment de l’Etat. C’est ici qu’il nous parait important de relever les désagréments causés par la corruption et les détournements des deniers publics qui, comme tout le monde le sait, obèrent les capacités du pays à se développer. Ce qu’il est à craindre, le Gabon ne s’étant pas encore détaché de son statut de pays rentier soumis à tout moment aux aléas du marché. Plutôt que de les rassurer comme je l’ai pressenti dans le rendu du Directeur général de la Dette, Sieur Berre aurait mieux fait d’adopter une attitude dialectique consistant certes à féliciter les autorités gabonaises pour certains de leurs choix, mais pas jusqu’à qu’à leur délivrer un blanc- seing, puisqu’il est en vérité des points sur lesquels il aurait, lui, constituant une voie autorisée, tirer la sonnette d’alarme. On attendait par exemple de lui qu’il s’appesantît sur l’utilité pour le Gabon de s’endetter, sur ce à quoi la dette nous sert, exemples à l’appui, en se projetant bien entendu sur les conséquences d’un trop important endettement sur les générations futures qui éprouveront inéluctablement un grand mal à éponger les milliers de milliards que le pays aura emprunté s’il ne les a pas remboursés, cela pourrait être la cas du Gabon. Sait- on ce que nous rapporterons nos matières premières dans dix, vingt, trente, quarante, voire cinquante ans ? Sait- on quelle sera la taille de la population ? Sait- on à quels nouveaux défis nous ferons face ? Sait- on quel sera l’environnement macro- économique du moment ? Bref, ne dit- on pas que gouverner, c’est prévoir ?
Mbile Nyambi
C’est une bonne analyse de la situation financière du pays. Il est devenu une tradition dans notre pays, à chaque Conseil de Ministres de contracter une dette. Cet argent sert à quoi exactement ? L’argent retrouvé dans les maisons des hommes du pouvoir se retrouve où ? Dans les caisses du trésor, il n’y a pas de trace. Il est parti où pour que l’on recours toujours aux emprunts ? Qui va payé cette lourde dette, qui est partie de 1.200 milliards en 2009 à près de 6.000 milliards. Tous les secteurs sont quasiment nuls mon Dieu ! Qu’avez-vous fait de tout cet argent ? Le Seigneur nous regarde, rappelez-vous de la déclaration de feu Omar BONGO ONDIMBA !