Quand les populations africaines seront- elles face à des résultats des urnes incontestables ? La plupart des scrutins présidentiels organisés sur le continent donnent souvent à voir des spectacles désolants montrant des citoyens déçus, disent- ils, que lesdits résultats ne reflètent pas leurs votes, en train de prendre la rue et de la transformer en théâtre de scènes parfois violentes frisant la désobéissance civile. Et pourtant, les hommes politiques n’en n’ont visiblement cure, eux pour qui ce qui importe c’est le fauteuil présidentiel.
Deux Guinée, la Guinée- Bissau et la Guinée- Conakry, offrent actuellement une image de troubles, la première parce que deux candidats, l’opposant ayant effectué une tournée au Sénégal, au Niger et au Nigéria qui le soutiennent avec le concours de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le second, représentant du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap- Vert (PAIGC) au pouvoir depuis l’indépendance de la Guinée- Bissau, sont depuis la fin de la présidentielle organisée dans ce pays le 29 décembre 2019, à couteaux tirés, se regardant en chiens de faïence et menaçant à nouveau la Guinée de verser dans le chaos. Le comble, c’est que si l’opposant bénéficie du soutien de trois grandes pointures de la vie politique ouest- africaine, son adversaire, lui, peut se targuer d’avoir à ses côtés entre autres pays, la Côte- d’Ivoire. Quant au second pays qui a pour capitale Conakry, les lendemains pourraient s’annoncer en pointillés si et seulement si Alpha Condé venait à mettre son plan de révision de la Constitution à exécution pour tenter de briguer un nouveau mandat. Comment Cellou Dalein Diallo et les autres opposants verraient- ils cet acte et quelles pourraient en être les conséquences ? L’on se rappelle encore comme d’hier les évènements d’après le départ de Lansana Conté qui avaient impacté la vie socio politico- économique du pays de Sekou Touré, faisant de nombreux morts. Ce qui nous laisse entrevoir l’installation future, si ce n’est présente, d’un rapport de force qui pourrait lézarder le mur de la CEDEAO, organisation pourtant homogène qui fait la fierté du continent et sait souvent se sortir d’affaires lorsque survient une crise dans la sous- région. Que deux personnalités s’opposent peut ne pas être le principal souci d’une telle organisation, surtout lorsqu’il s’agit de crise postélectorale, mais que des populations en viennent à payer, comme c’est hélas souvent le cas, le lourd tribut des mésententes entre candidats à une élection, constitue, à nos yeux, le comble pour la bonne et simple raison qu’elles sont souvent le dindon de la farce.
Populations outrées !
Elles, dont on a réellement besoin que pour s’en servir comme marche- pieds et gravir les marches conduisant au palais présidentiel dont les portes se referment dès que le « souverain » y a mis les pieds, non pas forcément par le truchement des suffrages accordés par ses compatriotes ayant accompli l’acte de voter, mais parce qu’il a su par sa roublardise, sa malice ou les soutiens extérieurs qu’il compte ci et là, tirer la couverture de son côté. On a vu des organisations sous- régionales ou internationales être aux manettes pour tenter de ramener les protagonistes d’une crise du genre à la raison afin de tenter d’instaurer du mieux qu’elles peuvent la quiétude et le calme dans le pays dont ils sont originaires. Mais cela suffit- il à créer une poignée sincère de main ? Car on le voit pour le déplorer au Soudan du Sud par exemple où Riek Machar et Salva Kiir qui sont déjà passés par moult accords de cessez- le- feu finissent toujours par déterrer la hache de guerre et fragiliser les conclusions desdits accords. A défaut d’un tel pacte, les anciens adversaires pour ne pas dire « ennemis » s’arrangent au travers d’un deal, à conclure une alliance dans le dos des populations qu’ils contournent savamment et exposent le cas échéant à des jours sans lendemains. Alors qu’elles sont condamnées à boire le calice jusqu’à la lie. Combien de fois les Africains ne se sont- ils pas plaints de l’arrivée au pouvoir dans un pays ou un autre d’un candidat qui n’a visiblement pas été plébiscité ou d’avoir été floués, y compris par celui qui se présentait comme le défenseur potentiel de leurs intérêts ? Les Africains dans la plupart des cas sont outrés devant le comportement des hommes politiques dont la parole et les promesses souvent livrées en cascades pendant les campagnes électorales contrastent énormément avec les actes posés dès qu’ils sont aux affaires. Ils savent qu’ils ont une période pendant laquelle ils peuvent faire fi du qu’en dira- t- on, avant que de se lancer dans une nouvelle opération de charme souvent à la veille d’échéances peu rassurantes. Les portes de leurs bureaux sont closes pour les électeurs qui n’ont que leurs yeux pour pleurer et se surprennent à pourfendre ceux qui ont savamment préparé leur coup.
La Rédaction