Créé en 2012, le Fonds Gabonais d’investissement stratégique (FGIS) qui était la passerelle d’investissement stratégique des grands projets du Gabon demeure l’une des grandes créations de l’émergence qui résiste aux différentes crises et au vent des réformes. Et pour cause, malgré la suppression de nombre d’agence, le FGIS résiste au temps, alors que tous les grands projets que ce fonds soutenait sont presque tombés à l’eau, au point qu’on est tenté de s’interroger sur le bienfondé de l’existence de ce bras séculiers de l’Etat.
Au Gabon, sous l’influence des crises économiques et des réformes conditionnées par le Fonds monétaire international (FMI) il y a quelques années, de nombreuses agences ou institutions étatiques, créées sous l’ère de l’émergence ont été supprimées. Si elles avaient pour objectif d’accompagner la matérialisation du développement de la vision « émergente » du Gabon, à mi-parcours de l’année butoir 2025, les autorités gabonaises se sont ravivées en supprimant nombre d’entre elles.
Il faut dire qu’elles n’avaient pas trop de choix. La crise avait affecté les principales sources de revenus de l’Etat, hypothéquant la pérennité de ces agences sous l’effet de la réduction des dépenses de l’Etat. La réduction de 10% de la masse salariale en 2018 a été un facteur accélérateur. Tout comme la réduction des effectifs des institutions de la Présidence de la République, des ministères, des administrations décentralisées. Les investissements autour des commodités de travail, les missions à l’étranger n’étaient pas en reste.
Ce vend de réformes avaient également impacté la suppression de nombreuses agences créées lors de l’élection dès 2009, de l’actuel Président de la République, Ali Bongo Ondimba. C’est ainsi que l’Autorité de régulation des produits agricoles du Gabon (ARPAG), l’Agence nationale de la promotion Artistique et culturelle (ANPAC), la Société nationale du logement social (SNLS), l’Agence nationale de sureté et sécurité nucléaire (ANSSN) et l’Agence nationale de gestion et d’exploitation des infrastructures sportives et culturelles (ANAGEISC) ont toutes été supprimées, mettant en branle l’échec de leur création.
A l’issue de celle-ci, il n’aurait fallu que de quelques années à l’ANGTI, agence glouton des budgets publics pour disparaître. Alors que sa suppression a été actée il y a quelques temps, la disparition de cette agence a de facto relégué au second plan de nombreux projets. Tout comme elle suscite des questions sur l’importance du Fonds Gabonais d’Investissement stratégique (FGIS), quand on sait le lien stratégique qui réunissait ces deux administrations de l’Etat. Et pour preuve, tous les projets autrefois pilotés de manière coordonnée par ces deux entités de l’Etat sont tout aussi tombés aux oubliettes. Le repli actuel du FGIS dans le développement des activités stratégiques en dit d’ailleurs beaucoup sur la perte des repères de ce fonds, sensé aider le Gabon à développer de nouvelles filières capables d’accompagner la diversification de l’économie gabonaise. Près de huit ans après, que retenir de l’implication du FGIS ? Après la suppression de l’ANGTI, de quoi le FGIS est-il encore le vecteur d’investissements, quand on sait que de nombreuses missions ont été rétrocédé aux départements originels ? Une chose est sure, ce fonds vit certainement ces derniers instants.
Michaël Moukouangui Moukkala