Le 31 décembre dernier, le président de la République, Ali Bongo Ondimba s’est soumis au traditionnel rituel politique des vœux à ses concitoyens. Mais après une année marquée par la crise sanitaire, laquelle a contraint plusieurs gabonais au chômage, doublée de la récente révision constitutionnelle qui a entraîné une levée de boucliers au sein de la classe politique, la déception était au rendez-vous.
C’était un discours très attendu, tant le landerneau politique a été secoué ces dernières semaines par la récente révision constitutionnelle. Mais grande était la déception de nombreux observateurs, car le président de la République, Ali Bongo Ondimba a soigneusement évité le sujet. « Comment expliquer que tout au long de son adresse à la nation, Ali Bongo ne parle pas de la dernière modification constitutionnelle », s’interroge Marc Ona Essangui, membre du collectif Appel à Agir.
Cette adresse à la nation qui n’est rien d’autre qu’un rituel politique n’a tout simplement pas répondu aux attentes des populations, après une année 2020 marquée par la crise sanitaire et dont les conséquences ont fortement impacté les tissus politique, économique et social du pays.
Le président de la République parle de l’année 2021 comme celle du « rattrapage », promettant dans la foulée de « créer chaque année, autant de nouveaux emplois que le nombre de jeunes qui rentreront sur le marché du travail ». L’on y voit clairement dans cette promesse, un véritable jeu d’équilibre, car cette fois, Ali Bongo Ondimba s’est abstenu d’avancer des chiffres. Normal, lorsqu’on sait qu’au Gabon, les poubelles de l’histoire sont remplies de promesses non tenues.
Faut-il le rappeler, le chômage des jeunes est un véritable goulot d’étranglement du magistère d’Ali Bongo Ondimba. A tel point qu’on y accorde peu de crédit aux promesses que ce dernier formule sur les questions relatives à l’emploi des jeunes. Car, selon les statistiques de l’Office nationale de l’emploi (ONE), pour la seule année 2018, le Gabon a enregistré 20.000 nouveaux demandeurs d’emploi. Point besoin de souligner que ce chiffre a fortement augmenté avec les effets de la crise sanitaire actuelle.
Pour finir, qu’est devenu le programme un jeune = un métier lancé précipitamment avant la présidentielle de 2016 et dont l’objectif était d’insérer 2580 jeunes issus des quartiers défavorisés dans le marché du travail ? Ce programme est mort aussi vite qu’il est né. L’histoire semble-t-elle vouloir se répéter de discours en discours ?
Yannick Tsakou