Sur les douze mois de l’année 2020, la dette publique gabonaise a augmenté de +20%. Pour l’économiste et analyste Mays Mouissi à l’origine de ce constat, la stratégie du Gouvernement visant à s’endetter pour régler ses créances serait la cause de cette augmentation. A 76% du PIB, celle-ci inquiète l’analyste.
Plusieurs mois après ses échanges avec le premier ministre, Rose Christian Ossouka Raponda au sujet de la viabilité de la dette publique locale, l’économiste et analyste Mays Mouissi vient de se donner raison. Au cours de l’année 2020, la dette publique gabonaise a en effet augmenté de +20% pour atteindre environ 76% du PIB. Pour Mays Mouissi, la stratégie du Gouvernement visant à s’endetter pour régler ses créances serait la cause de cette augmentation. « En seulement 12 mois, entre le 1er janvier et le 31 décembre 2020, le Gouvernement de Madame Rose Christiane Ossouka Raponda a endetté notre pays de 1081 milliards FCFA supplémentaires nets ».
De 5347 milliards de francs CFA avant 2020, l’encours de la dette publique est ainsi passé à 6428 milliards de francs CFA. « Pour la première fois depuis plus de 30 ans, le taux d’endettement du Gabon a franchi à la hausse, la limite maximale d’endettement autorisé fixée à 70% du PIB au sein de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) », estime l’analyste. Selon Mays Mouissi, le taux d’endettement du Gabon se situe désormais entre 72 et 76% du PIB, alors qu’il était proche de 59% en 2019 et même de 39% en 2015.
Nkoghe Bekale et Ossouka Raponda responsables
Pour l’économiste et analyste, le premier ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda est la responsable de cette flambée de la dette. Or, il n’en est rien. Sur les plus de 1480 milliards de francs CFA de dette souscrit par le Gouvernement, environ 1000 milliards de francs CFA ont été affectés au remboursement de la dette. « Le 22 décembre 2020, Madame Rose Christiane Ossouka Raponda s’est félicitée sur un réseau social[1] que son gouvernement a procédé au remboursement de 1000 milliards FCFA de dettes publiques (ndlr : plus précisément de 991,8 milliards FCFA), au cours des 3 premiers trimestres de l’année 2020 », précise Mays Mouissi.
Quoique l’analyste pointe uniquement la responsabilité du premier ministre actuel, ce passif de la dette est imputable aussi bien à cette dernière qu’à la gouvernance de l’ancien Premier ministre, Julien Nkoghe Bekale qui est en grande partie responsable de cette augmentation. En effet, sous la contrainte de la crise du coronavirus, c’est le Gouvernement Julien Nkoghe Bekale qui a été le plus à la manœuvre de cet endettement inquiétant. La hausse de cette dette porte donc l’empreinte de la gouvernance de ces deux personnalités.
Une position confirmée par Ali Bongo Ondimba
Face à cette augmentation inquiétante, Ali Bongo Ondimba, le président de la république veut ramener la dette publique à un niveau raisonnable, en dessous de la barre de 70% du PIB. C’est lors de son discours des vœux à la nation, prononcé le 31 décembre passé qu’Ali Bongo Ondimba a confirmé la gravité de la dette. « La crise de la Covid-19 a poussé nos États, tous les Etats, à recourir de manière exceptionnelle à l’emprunt », avait mentionné le président de la République dans son discours de vœux à la nation.
Pour Ali Bongo Ondimba, le Gabon n’a pas le droit de vivre à crédit sur le dos de ses enfants et de leur transmettre le fardeau de celle-ci. C’est conscient de la gravité de celle-ci que le président de la République avait ainsi annoncé la volonté du Gabon de « réduire la dette » gabonaise, afin de permettre au pays de « retrouver des marges de manœuvre pour mieux financer, dès à présent, l’économie, la santé, l’éducation, le social, les infrastructures ». Cette position, bien avant celle de l’économiste et analyste Mays Mouissi, alertait subtilement de la gravité de l’endettement du Gabon.
Michaël Moukouangui Moukala