La compagnie pétrolière franco-britannique, Perenco qui développe ses activités au Gabon sera-t-elle sanctionnée pour les faits de pollution dénoncés par la société civile dans le département d’Etimboué ? C’est la perspective que laisse entrevoir le Gouvernement qui, lors du Conseil des ministres tenu mercredi 7 avril a pris acte d’une communication relative au suivi technique et judiciaire du dossier relatif aux pollutions récurrentes engendrées par les activités de cette compagnie.
Les populations du département d’Etimboué dans la province de l’Ogooué-Maritime s’acheminent-t-elles vers une victoire face à Perenco pour les faits dénoncés de pollution de l’environnement ? S’il serait trop tôt de répondre à cette question par l’affirmative, au vu du cheminement de ce conflit à Etimboué, le Gouvernement, lors du conseil des ministres, a pris acte d’une présentation formulée par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux et chargé des Droits de l’Homme.
Concrètement, le ministre de la justice revendique sournoisement une expertise technique pour délimiter les responsabilités judiciaires dans cette affaire. Cela fait plusieurs mois que celle-ci fait grand bruit au Gabon, sous l’activisme de la société civile qui soutient les populations. Ensemble, ces acteurs accusent la compagnie pétrolière Perenco de « pollution à grande échelle » dans plusieurs sites des localités.
Malgré le bruit autour de cette affaire depuis près de huit mois, le dossier n’a jamais connu d’avancées, l’Etat étant complaisant avec la compagnie et la justice presque muette aux plaintes déposées par la société civile et les populations autochtones. C’est d’ailleurs ce que dénonçait en février dernier, le Secrétaire exécutif du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance (ROLBG), Georges Mpaga. « Face à cette situation flagrante et préjudiciable à nos écosystème qui de plus est liée à l’incompétence de Perenco et aux crimes environnementaux à grande échelle causés par cette multinationale opaque et mafieuse, nous dénonçons fermement l’irresponsabilité du Gouvernement… »
Il faut donc comprendre que si le ministère veut y voir clair, c’est peut-être pour mettre fin à cette polémique autour des « crimes environnementaux » commis à Etimboué et éventuellement, établir les responsabilités pénales. Même si Perenco dit avoir des « procédures de protection de l’environnement, d’hygiène et de sécurité extrêmement robustes, conformes non seulement aux réglementations locales, mais aussi aux standards internationaux ».
Les populations autochtones d’Etimboué qui accusent Perenco de débordement environnemental et la société civile peuvent donc se réjouir de cette annonce, même si celle-ci ne garantit pas pour autant l’ouverture d’une enquête technique et judiciaire au vu de la position tranchée du Gouvernement.
Michaël Moukouangui Moukala