Après plusieurs heures de garde à vue, Guy NZOUBA Ndama, président du parti Les Démocrates, a bénéficié d’une libération provisoire le 20 septembre, suivie d’une assignation à résidence. Dans une déclaration le même jour, sa formation politique a menacé de réagir « vigoureusement », contre toute éventuelle condamnation de son président.
L’affaire Nzouba Ndama continue d’agiter l’opinion. L’ancien président de l’Assemblée nationale a été mis en liberté provisoire le 20 septembre, mais assigné à résidence, le temps pour la justice de mener l’enquête plus sereinement. Trois jours plus tôt, l’ancien patron du palais Léon Mba a été interpellé à la frontière Gabon-Congo, de retour du pays voisin avec des valises contenant la somme de 1,180 milliard de francs CFA planqué dans la mal-arrière d’un pick-up.
La justice gabonaise le soupçonne de « blanchiment de capitaux et intelligence avec une puissance étrangère ». À cet effet, certains observateurs pointent la générosité du président congolais Denis Sassou Nguesso, flairant une occasion de peser sur le futur scrutin présidentiel au Gabon prévu dans dix mois. Mais Guy Nzouba Ndama, ancien baron du Parti Démocratique Gabonais (PDG), architecte du régime actuel, maintient que les fonds proviennent de ses comptes personnels, sans pour autant présenter des justificatifs implacables. L’enquête suit son cours. Selon les autorités judiciaires, les fonds ont été saisis et confiés au Trésor public.
Quelques heures avant sa mise en liberté, Guy Nzouba Ndama a pu compter sur le soutien de ses camarades de l’opposition. La veille, le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM) a dénoncé « les dérives autocratiques » d’un pouvoir méprisant la dignité humaine des citoyens. Une position partagée par l’Union nationale (UN), qui parle d’une tentative « d’instrumentalisation de la justice pour écarter d’éventuels concurrents à la compétition électorale ».
Le parti Les Démocrates dont Guy Nzouba Ndama est le chef de file, a exigé sa libération immédiate et sans condition, au cours d’une déclaration musclée mardi après-midi. Dans sa diatribe, le Président honoraire Davin Akouré n’est pas allé de main morte. « Les Démocrates qui se réservent le droit de réagir vigoureusement, à travers diverses actions, contre toute éventuelle condamnation, réclame la mise en liberté immédiate du président Guy Nzouba Ndama », a-t-il pesté.
En prenant ses distances avec le PDG en 2016 au profil de Jean Ping, Guy Nzouba Ndama courrouce les tenants du pouvoir. Depuis 2018, il est à la tête du 1er parti de l’opposition au Gabon créé un an plus tôt. S’il ne s’est pas encore porté candidat, tout semble indiquer que l’ancien protégé d’Omar Bongo Ondimba fourbit ses armes en vue du prochain scrutin présidentiel.
Toussaint Mebale