Eprouvée par des difficultés à distribuer sa production dans le marché local et sous-régional, Santé Pharmaceutique, entreprise de production des médicaments Made in Gabon implantée dans la zone industrielle de Nkok pourrait fermer. Un échec dû au gros ventre de certains hauts responsables étatiques.
Inaugurée il y a cinq ans par le président de la République Ali Bongo Ondimba, Santé Pharmaceutique, entreprise de production de médicaments implantée dans la zone économique spéciale (ZES) de Nkok a été présentée dès son inauguration, comme une réponse à la cherté des médicaments importés. Soit, 40% moins chers que les médicaments importés.
Le sida, la tuberculose et le paludisme pour ne citer que ces quelques maladies, sont les maladies pour lesquelles la ou soulageant ces maux médicaux. Dans sa vision, 25% de sa production devrait être écoulée sur le marché local, contre 75% destinée à l’exportation. Dans cette démarche, l’entreprise devrait se faire accompagner par l’Etat.
Depuis son installation, si les investisseurs indiens ont rempli leur part du contrat, il reste que le lobby de la distribution pharmaceutique au niveau local bloque le processus de distribution des produits fabriqués par Santé Pharmaceutique. En avril dernier, alors que Yves-Fernand Manfoumbi, le ministre du Commerce et des Petites et moyennes entreprises, tout fraichement nommé au Gouvernement, se retrouvait à la ZES de Nkok pour « écouter » les investisseurs, cette situation lui avait déjà été implicitement révélé.
« Lorsque nous nous sommes implanté dans la zone économique en 2017, l’Etat avait promis de réduire les coûts d’importation des médicaments que nous allons produire ici au Gabon. Malheureusement, il y a eu aucune réduction d’importation des produits étrangers. Par exemple lorsqu’il y a eu la Covid-19, nous avons été sollicités pour la production des gels hydroalcooliques qui ont été à plus de 90%, distribués gratuitement sur le marché local… » avait laissé entendre un responsable de la structure, étalant par ailleurs ce que cela leur coûte.
Le Sénégal, le Cameroun, le Nigéria et bien d’autres pays du continent ont à ce titre été approchés par l’établissement pour l’exportation de sa marchandise mais les autorisations font défaut et bloquent ce processus d’expansion de marché de Santé Pharmaceutique. Conséquence, au sein de l’usine, les médicaments produits il y a plusieurs mois s’accumule pour défaut de preneur. L’entreprise fait état d’environ 150 tonnes de médicaments représentants un montant de 180 millions de francs CFA invendus et qui pourrait être périmés dans quelques semaines.
Depuis plusieurs mois, l’entreprise a même dû stopper ses activités pour voir claire. « Si nous n’enregistrons toujours pas de commandes des pharmacies du Gabon, nous fermerons les portes » prévient le directeur général de l’Usine aux micros des confrères ayant récemment accompagné une ONG. Une annonce difficile à entendre pour l’industrie gabonaise.
Cet échec pointe du doigt, la responsabilité du Gouvernement qui s’éloigne de vraies priorités au détriment des actions sans réelles impacts sur la vie des populations. La fermeture de cette usine, il faut le dire, pourrait avoir des répercussions sur le climat des affaires de la zone. Mais, il n’est jamais trop tard pour régler le problème de cette entreprise qui en plus d’apporter une réponse aux difficultés d’accès aux médicaments, fait la fierté du Gabon au niveau continental.
Michaël Moukouangui Moukala